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sac à dos
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-III - Argentine

Jeudi 13
La devise de flechabus : viajar / descubrir / amar / compartir / divertirse / relajarse /
alegrarse / encontrarse / emocionarse / soñar / imaginar / disfrutar
Se traduit par : Bus, bus, et encore bus sans couverture ni coussin. On se gèle. On ne nous a
pas donné à manger, on a faim. C’est ça le super cama classique …
Vendredi 14
Je vais tuer le français et l’afrikaner au rire absolument stupide et répétitif postés devant
moi depuis le lever du soleil et qui causent, FORT, en anglais. Ils emmerdent tout le monde.
Je FUSILLE. Mais je me tais. Ma seule consolation : je ne comprends pas ce qu’ils racontent
et le monsieur anglais derrière Ludo m’envie car il me dit que « ce ne sont que des
bêtises ! » En plus !
Il y a plein de routards pas très sympas dans ce bus. Les deux ostrogoths et puis d’autres. Ils
sont un peu enfermés sur eux-mêmes. Ils se racontent leurs voyages leurs galères leurs
exploits aussi. Ils ont souvent des cheveux en broussaille et longs. Ludo n’en revient
pas : « ça doit les gratter »….dit-il. Lui, il a le crâne rasé !
Heureusement qu’il y a la fenêtre. Je commence à voir les montagnes, la forêt avec de
temps en temps un grand cactus au milieu des feuillus. Insolite.
J’ai laissé ma petite trousse de toilette dans le bus. Merde. Plus de brosse à dent de
dentifrice et de peigne, et autres ….
Et l’hôtel à Salta ! Dur dur ! Pas de possibilité d’ouvrir la fenêtre. Tant pis. Au moins nous
n’y retrouvons pas les routards. Ils campent. On sort. Nous montons au Belvédère en
téléphérique. J’ai beaucoup aimé la gare très art déco, encore…..époque florissante de

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l’Argentine sans doute. Très belle vue…..sur ce qui nous attend avec la petite voiture qu’on
loue ce soir. Place du 9 julio nous dégustons de délicieux jus d’orange. Nous nous sommes
baladés. Ludo a ouvert sa porte à une petite dame ! Aussi quelle idée d’avoir une serrure en
bas, et une en haut drôlement haut ! Elle explique en riant à Mana qu’elle a oublié son
tabouret, et quand elle a vu Ludo …..lui qui n’a qu’à tendre la main ! J’espère que c’était bien
chez elle ! Je crois que oui ! Et nous sommes allés diner chez doña Salta, avec les serveurs
habillés en Zorro, sans le masque et pas d’épée non plus ! Je me suis régalée de leur soupe
au maïs : huaschalocro….je crois.
Samedi 15
Mise à part que le matin j’ai eu la désagréable surprise de trouver la voiture forcée et de
constater l’absence du poste! (l’agence nous a donné une autre gol : c’est une golf
simplifiée)……. Quelle journée ! 
J’ai eu l’impression que le voyage commençait. C’est curieux. C’est à cause du désert de la
montagne de la piste de l’altitude des grands espaces des cactus. Et puis je suis tellement
contente de conduire avec mon beau permis international tout neuf et de partir de la ville!
Ludo fait la navigation, comme à pied, très bien. Après avoir quitté Salta et un peu de
macadam bordé de poteaux et de fils où les filles de l’air* ont élues domicile, nous rentrons
dans les montagnes et la forêt. La piste. Chouette. Il n’y a pas de ponts au-dessus des petits
ruisseaux qui traversent dans une rigole la route. D’ailleurs on nous a dit à l’agence qu’en cas
de pluie certains tronçons sont impraticables. On comprend, mais il ne pleut pas alors on
file, doucement, et dans la poussière, en se tenant loin des autres quelques rares voitures.
On croise des vieilles bagnoles, des argentins ; des super 4x4, des argentins aussi ; des
petites gol des petites fiat, les touristes.
C’est une grande classique de faire la boucle: Salta*, le col del piedra del Molino 3 348m,
Cachi, Cafayate, Salta, Humahuaca, Purmamarca, le col des nuages 4 170m, les grandes
salines, san Antonio de los Cobres, Salta. En passant bien sûr dans les extraordinaires
quebradas et la route 40. Les touristes pressés bouffent de la poussière en 2 jours, nous en
mangerons 7 jours, et le Dakar quelques heures……….Quant aux plus courageux ou au plus
fauchés, ils le font en bus ! Ça doit être quelque chose ! Ou en stop ….on en a vu ….
Nous doublons 5 des routards pénibles dont le français, l’afrikaner et l’anorexique…Les
pauvres sont entassés dans la même gol … Je les salue, froidement ! Pourvu qu’ils ne me
prennent pas pour une copine ! Bof, pas de danger, je n’ai pas leur âge ! Et puis Ludo rigole :
il parait que je n’ai pas du tout l’air sympa quand je les regarde. Tant mieux.
Que la route est belle ! Pourtant il y a un bon plafond de nuages qui masque les sommets.
On monte toujours, et puis ça se dégage petit à petit. La forêt s’arrête, il y a des grands
cactus partout parfois encore fleuris. Puis ça s’éclaircit. On va vers le ciel, bleu ! C’est
grandiose ! Et dire qu’on ne fait que commencer cette région ! Je sens que nous allons aller
de merveilles en merveilles. Et le col del piedra del Molino : je vais basculer dans la troisième
dimension ! J’ai mal au crâne et je suis barbouillée. Ludo aussi. Mana, rien ! C’est immense
bleu violet jaune rose et le soleil, à l’infini. Quelques ânes. On s’arrête. On fait des photos

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pardi : Mana, de Ludo bien entendu, des petites fleurs des petites et grosses bêtes et de
paysage (elle aime les portraits mais là il n’y a personne) ; moi de paysage de ciel et d’eux
deux. Après avoir passé un premier plateau, nous plongeons par un col sur un autre plateau.
Il y a des cactus à perte de vue et un « mirador » d’où parait-il on peut voir des condors. Pas
de condors, et nos routards !
Nous roulons sur la longue très longue ligne droite, la tintin*, celle qu’empruntaient les
ministres inca. Elle se déroule entre deux montagnes pleines de strates rouge orange jaune
…. sur un très large plateau parfaitement plat qui doit être à 2 500m. Des cactus, tout droit,
en chandelier, insolite, sentinelle sur le vide, qui hérissent le paysage pelé. On s’attendrait
bien à y rencontrer Lucky Luke. Et nous arrivons à Cachi 2 280m. Autour, des cimes, à plus de
6 000m pour le nevado de Cachi. Nous sommes un peu sonnés assez affamés, et nous nous
arrêtons sur la terrasse du premier restau à l’entrée du village. Le patron, un beau gaucho
barbu avec son chapeau et sa magnifique ceinture mange avec sa femme indienne et 2
enfants d’une dizaine d’année, juste à côté de nous. Il est plus de 14h30. Il y a des mouches
qui piquent. On retrouve nos routards !
Mais c’est trop pour Mana tout ça : la chaleur la poussière l’altitude l’émotion et quelques
mauvaises nuits, elle nous dit avec une petite voix qu’elle nous voit tout flou, elle devient
toute pâle …….. Ludo la soutien et l’amène à l’intérieur, on l’allonge sur 2 tables, les jambes
surélevées. Le patron gaucho vient, un peu affolé, et propose « un coche » pour aller à
« l’hospital ». L’anorexique gentiment nous dit qu’elle a des médicaments (????). Nous nous
présentons : un bombero un doctor. Quand même on va s’en sortir ! Le gaucho m’apporte
un tensiomètre…..dont je ne sais plus me servir, je tâtonne un peu…Avec l’aide de Ludo, je
vois bien sûr qu’elle a une petite tension pincée, mais surtout elle reprend des couleurs.
Nous mangeons à côté d’elle. Le patron veut lui faire manger je ne sais plus quoi. Je lui dis :
des pâtes, à l’eau, et du sucre, c’est tout. Ah bon ! Il lui fait des pâtes et lui apporte une
tisane de feuilles de coca. C’est très bon dit-il pour le mal d’altitude ! Oui oui ! On est tous les
trois mort de rire et nous le remercions chaleureusement. «  Beber despues las pastas ! »
Parfait. Elle se régale de la tisane plus que des pâtes à l’eau !
Et je propose de rester à Cachi. Mana a besoin de dormir, de se reposer. Je ne la sens pas
reprendre la piste la chaleur la poussière et les cahots jusqu’à Cafayate. Ils sont OK. On
cherche dans le routard. Le patron qui nous voit faire vient à notre secours. Il téléphone,
c’est plein ; une autre adresse, c’est juste un restau. Avec un clin d’œil, il appelle un copain
qui a des chambres d’hôtes « muy bonitas » et nous le suivons en voiture. Il nous y
accompagne avec sa femme et les enfants. C’est très « muy bonita » chez son pote. C’est
tout neuf, attenant à la maison basse, dans un jardin ou chante l’arrosage automatique. Il y a
quelques arbres fruitiers, 3 pieds de vignes et des cactus secs en déco. C’est très beau le bois
de cactus, marron gris des veines en vagues et des tas de petits trous. La chambre est
grande, la salle de bain neuve, il y a des serviettes de toilette (tant mieux : j’ai laissé la
mienne à Salta) et tout ça pour 230 pesos avec les pti-dej : 46 euros pour nous trois !
Pendant que Mana se repose sous la bonne garde de Ludo, je sors me promener… C’est
tout petit Cachi. Il y a plein d’enfants qui jouent dans le jardin public. Les allées se croisent

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en diagonales sous l’ombre légère des grands arbres. Des chiens bien sûr, des chiens libres,
comme les chiens argentins. Ils vont et viennent, font des amabilités, repartent, jouent avec
leurs copains chiens et les enfants, ne sont jamais aboyeurs ou lécheurs, et foutent la paix
aux gens qui ne les regardent pas. Ils n’ont l’air à personne, mais ils ont un collier et sont
entretenus. Un spectacle de clown se prépare au milieu des rires. Je vais faire un tour à la
boutique souvenir. Je trouve les serre-tête avec les petites poupées pour Amandine et
Orianne et un joli sac orangé prune jaune pour remplacer mon horrible banane noire. A
l’office du tourisme je suis reçue par des jolies et gentilles dames très typées indiennes,
comme beaucoup de monde au village.
Puis je vais chercher mes compagnons de voyage frais et dispos. Je les mène sur la place.
En chemin nous achetons à un vieux couple des délicieuses galettes cuites à la braise. Mana
a faim : bon signe ! Nous assistons au spectacle de clowns. Il y a quelques touristes. Mana
fait des photos et la connaissance d’une jeune Sofia étudiante bavarde de Salta en vacances
chez ses grands-parents, comme chaque année sans doute. Nous comprenons que ce soir
c’est la fête à l’occasion de la présentation d’un livre à la bibliothèque de la mairie. On va se
couvrir dans la lumière doré et orangé de fin d’après-midi qui caresse le village et les
montagnes, pendant que la place se prépare, bordée par l’église blanche au clocher plat
« colonial » et à la charpente apparente en bois de cactus, par le muret du jardin des enfants
et des chiens, par la mairie blanche ses arcades et son toit plat . Quelques chaises, des hauts
parleurs et les musiciens arrivent puis les danseurs, messieurs en bottes grands pantalons
bouffants ceinturons et chapeau, et mesdames très espagnoles avec leurs grandes et larges
jupes à volant. C’est une fête magique très simple très chaleureuse et charmante. Les
danseurs virevoltent à contre-jour sur les pavés inégaux, viennent inviter les touristes dans
leur folklore, proche de nos danses paysannes d’antan. Ludo y va. Mana, en pleine forme,
accroupie, en tailleur, penchée, d’un côté, de l’autre, fait des photos, mais la lumière est
impossible !
C’est trop bien ce village. Je veux revenir avec les petites, Pierre et Jessica ! C’est
un « Bouchanières » du bout du monde. On peut randonner faire du cheval du vélo respirer
le bon air manger les bonnes galettes et ………..rêver…………Mais que c’est loin ! Dommage !
*plantes sans racine, qui vivent de l’humidité de l’air
*Salta google earth 24°46’11’’/65°24’56’’ (pour ceux qui ont besoin de cartes ! je n’en n’ai
pas trouvé où n’ai pas su en trouver. Google earth vous montrera la région)
*dire tinetine, rien à voir avec le copain de milou !