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sac à dos
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-VII- Argentine

Mardi 25
C’est bon, on y est ! Pour 28 heures et on se caille, mais on est super bien équipé : bonnet
doudoune gants chaussettes !
Des montagnes des lacs des grands arbres puis la pampa de plus en plus sauvage et plate.
En fait on a traversé la pampa à un endroit très désertique en quittant la route 40 au niveau
de Sarmiento pour aller vers Rivadavia, puis nous sommes allés jusqu’à Rio Gallegos pour
repartir au nord-ouest vers el Calafate.*
Nous avons traversé une région pleine de foreuses de pétrole ou de gaz. Ce sont de drôles
de grandes machines articulées qui ressemblent à des gros dinosaures et dodelinent de la
tête régulièrement avec lenteur. Elles se détachaient sur le ciel de fin d’après-midi et c’était
assez beau.
Nous avons aimé humer l’océan à Rivadavia dans le soleil couchant.
Les argentins sont tous avec leur maté. C’est aussi contraignant que le tabac ce truc !
*pour qui a besoin d’une carte essayer ce lien
http://www.argentina-excepcion.com/images/stories/Cartes%20Region/argentine_high.jpg
Mercredi 26
Réveil dans la pampa sinistre du grand sud sous le ciel gris. Ambiance de noirs de gris de
violet à l’infini. Au sol quelques timides verts et même des jaunes pâles …..Et parfois, comme
dans tous les pays de vent, les plastiques accrochés aux buissons comme des fleurs
vénéneuses. Le ciel est immense. Les nuages bas gris plats n’ont pas les reliefs et les
rondeurs des tropiques. Ils sont plutôt par bandes de gris de violets de blancs et quelques
bandes de bleu, du bleu pâle, lavé. C’est beau, mais dramatique désolé vide perdu.
Il s’est mis à faire beau vers Rio Gallegos.

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Ludo dit qu’il pourrait faire une semaine de bus ! Mana est horrifiée.
C’est vrai que c’est un univers ce bus et il y a de quoi voir dedans et par la fenêtre.
Maintenant nous avons vue sur les troupeaux de chevaux de moutons, et encore moutons
…..et quelques émeus. Par moment on a l’impression de voir des mirages (non ce n’est pas
moi qui le dit, c’est Mana !) Comme une montagne décrochée du sol au loin là-bas sur un
coussin tremblant d’air.
Le seul ennui, justement, c’est l’air. Il manque. Moi j’aime l’air !
Nous arrivons à el Calafate, petite ville basse aux maisons colorées. Ça me plait. Le guide en
fait une description bétonnée que je ne retrouve pas. Une jeune femme avec piercing agite
un carton «los dos manos » où nous voulons aller justement. Elle a de la place pas cher,
comme on veut. Parfait. On s’installe …..après avoir fait le ménage à la lingette (c’était pour
les chiottes du bus qui sont toujours pisseux !). On rigole, à 4 pattes toutes les deux sous les
lits !
Et le bonheur du jour c’est qu’en faisant le planning des excursions à venir avec la jeune fille
piercing, Mana s’est aperçue que nous pouvions aller voir le Fitz Roy. J’en avais fait le deuil
pensant qu’il nous fallait 2 jours. Ors nous pouvons partir le matin à 6 h en bus pour el
Chaltèn et revenir le soir vers 23h. C’est un peu serré, mais nous ne sommes pas venus ici
pour buller ! Nous aurons le temps de faire une petite rando de 3 ou 4 h. Peut-être même
qu’on le verra l’animal ! S’il daigne un moment sortir de ses nuages ! Je suis aux anges !
Comme on a pris l’habitude des bons 4 h on se trouve la crêperie. Quelles crêpes ! Et
belles ! Et bonnes ! Mana : dulce de leche framboise, Ludo banane chocolat, et moi calafate*
qeso de crema*.
On a fait un tour, moi je rentre seule (Ils m’expliquent avec beaucoup d’attention comment
je dois faire ! Suis-je donc si étourdie ! Sans doute ! Je me trompe d’ailleurs, mais je me
retrouve !) Eux vont manger (encore !) des sushis……………ici ! Faut le faire !
*calafate un genre de myrtille
*qeso de crema du mascarpone
Jeudi 27 et vendredi 28
Pas une minute à nous. Je n’ai écrit que samedi matin !
Un cheval henni sous ma fenêtre et j’entends les drôles de canards de Buitrera qui passent
et vont au bain sans doute, al lago Argentino qui borde el Calafate.
Jeudi matin : il pleut.
Un minibus vient nous chercher à l’auberge, c’est comme ça qu’on fait ici, et il fait le tour
de toute la ville pour ramasser les touristes …. qui ont pris encore un coup de vieux. Normal
c’est encore plus loin donc plus cher et une promenade en bateau ce n’est pas très actif !
Nous avons quelques difficultés à trouver la bonne queue. Nous sommes « classés » par
nation : les argentins qui ne payent pas cher, puis les latinos même prix, et les autres,
français italiens anglais allemands…. plein pot. Nous nous retrouvons donc avec quelques

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français, un couple d’une petite trentaine sympathique, et un couple de vieux routards
burinés. Madame est normale et monsieur est un râleur français typique, un connard
autrement dit ! Il a tout vu, il sait tout, les autres sont tous des nuls, et il n’y a que lui, le
français, qui fait bien ! Pénible ! Nous fuyons !
L’énorme catamaran n’est pas complètement plein. Il y a toujours de la place pour se
mettre sur le pont ou s’asseoir à l’intérieur de temps en temps, ce qui est nécessaire parce
qu’il fait bigrement froid au milieu de toute cette glace. L’eau est étrangement d’un
turquoise lumineux sous le ciel gris, et les glaçons à la dérive sont bleus. Les montagnes qui
nous entourent sont rondes et couvertes de coigües rabougris avant de laisser la place aux
aiguilles et aux neiges éternelles. Nous voguons de glacier en glacier qui se déversent dans le
lac. Nous nous approchons beaucoup trop à mon avis et pas assez du goût de Mana et Ludo
de l’énorme mur de glace déchiqueté blanc et bleuté qui joue dans les rares rayons du soleil.
De temps en temps ça craque et ça s’effondre ! Pas très rassurant, mais très beau. Toute la
journée ainsi. Nous rentrons fatigués de n’avoir pas bougé et d’avoir dormi entre chaque
glacier, mais contents, sur le lac immense aux couleurs changeantes couvert de moutons.
Nous allons manger italien parce que demain : Fitz Roy …. (Que j’ai beaucoup appelé Fritz
Roy et l’ami Fritz …)
Vendredi je me réveille à l’aurore et il fait beau ! Pourvu que ça dure. Nous allons prendre
le bus à la gare routière cette fois. La pampa désertique et jaune, les énormes rivières, les
lacs, et au loin les montagnes. Nous faisons une pose inattendue dans une petite auberge au
milieu de rien au bord de la rivière. Mana vient nous sortir du bus pour nous montrer cette
charmante petite maison ou virevolte un jeune junkie à l’œil vif et au grand sourire sous ses
dreds loc et son béret de laine tricotée beige à la Bob Marley. Il fait en plus des très bons
gâteaux à tremper dans un très bon chocolat.
On s’approche des énormes montagnes qui surgissent brutalement de la pampa au-delà
des lacs et des glaciers qui s’y déversent. On s’approche aussi des nuages. Zut !
El Chaltèn. D’abord la maison du parc : sa leçon de morale et ses consignes de prudence
agrémentées d’une bonne dose de pessimisme sur le temps. Nous ne verrons pas l’ami
Fritz ! Par contre nous nous oxygènerons bien ! Il fait un vent terrible et glacial ! Si je ne
m’enrhume pas, à tous les coups je vais saigner du nez !
On part. On a du mal à trouver le chemin. On est mal habitué avec le petit livre du conseil
général et les panneaux du Mercantour. On monte sans trop savoir vers où, en se disant
qu’au pire nous reviendrons par le même chemin et non en faisant une boucle par la laguna
madre. Ce qu’on voit est beau mais pas de Fitz ! Des nuages ! Au « mirador » on voit très
bien le grand glacier suspendu en piste de saut à ski. On surveille tous à droite, dans les
nuages. Des canadiens l’ont entraperçu ce matin. Et puis les nuages se déchirent et nous
devinons la face est. Tous les touristes, que nous sommes, sont accrochés à leur admiration
et à leur appareil de photo. Comme nous avons bien marché, nous décidons de poursuivre,
en tentant le versant nord ! Mana s’est tordu le pied. Je la bande, et ça devrait aller. On n’en
finit plus d’avancer dans le vent fou et les coigües rabougris. On rencontre un couple … de

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français…Avec ce qu’on tente, on en a pour 5 h. C’est bon on aura le bus, juste ! Et il parait
que ça monte…comme ça, avec un geste vertical…Mais c’est la dame qui parle, et elle n’a
rien d’une sportive. On y va. Et moi je suis satisfaite parce qu’en face, où Ludo veut aller, le
temps est très moche. Le français a beau dire que quand il y a du vent il ne pleut pas ! Ça
c’est dans les Alpes ! Je ne connais rien au mauvais temps blanc de Patagonie, et il y a des
glaciers partout. Tout droit on part pour faire le tour de Fritz et je sais qu’il faut 10 jours
….sans compter …le reste : crampons cordes……..Bref, on tourne à droite dans la forêt qui
monte pas tant « comme ça » que ça et vers le ciel bleu. Ça, ça me va !
En avant.
Mana devant galope comme une petite gazelle bien décidée à ne pas rater le bus. Une
crête, deux crêtes et puis là-haut dans le vent fou à nous mettre par terre…..............
L’ami Fritz ! Énorme ! Gigantesque ! Acéré ! Élancé ! Enneigé ! Orangé !
J’en pleurerai bien un peu de le voir !
Et pendant 2 ou 3 heures nous le longeons, de plus en plus dégagé, avec toutes ses
aiguilles, et ses nuages qui courent à toute vitesse le long de ses parois en se désagrégeant.
Nous voyons de plus en plus souvent le sommet. Les panaches de fumée-nuage sont
magnifiques. J’ai essayé de filmer, mais le vent, qui a même fait tomber Mana, est tellement
fort que l’image saute trop. Mana et Ludo qui n’ont jamais entendu parler du Fitz Roy sont
en admiration, et comprennent qu’il ait animé tant de légendes et suscité tant de
combats !*. Puis nous sommes revenus au village.
Il parait que nous avons fait 27 km en marchant 8 h pour un petit dénivelé de 600mètres. Et
oui le Fitz Roy n’est pas bien haut ! 3 400 mètres. Autour, les sommets sont à 2 500 ou 3 000
et tous les plateaux à 1 000 ou 1 500. Le village est à 400 mètres.
Mana n’a jamais tant marché ni tant monté ….elle s’est tordu l’autre pied et elle marche
toute de travers, bravement. Elle trouve que la famille est rude mais elle est très contente.
J’ai retrouvé dans le bus ma douce écharpe verte! Et nous sommes rentrés d’une traite,
conduit par le même chauffeur sympathique et barbu qui ressemble à Pavarotti jeune ! Ils
sont allés manger leurs sushi en rentrant …. Et je suis allée me coucher.
*voir son histoire sur le net. Taper Fitz Roy ça suffit !