Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
https://impressions-de-voyage.over-blog.com
sac à dos
Menu

-V-Argentine

Nous avons tout un choix de ballades pour l’après-midi. Nous choisissons, avec la petite gol,
de partir à la recherche de la montagne aux 7 couleurs d’Humahuaca : Hornocal. La célèbre
c’est celle de Purmamarca. C’est compliqué tous ces noms. J’ai eu du mal. Sur la bonne piste
qui monte vers l’est on est tout seul, tout seul. A l’embranchement attendu on va à droite
comme prévu. De plus en plus sauvage. On descend dans un large ravin sec plein de cactus
en fleurs dont même un rouge. Les autres sont blancs. Grand silence dans la voiture. Je ne
sais pas à quoi ils pensent mais moi je me demande : la petite gol, ce n’est pas un 4x4, … ???
… et puis il faudra remonter tout ça. Et s’il pleut ? Et où on va au juste ? On arrive en bas
dans le lit d’une grande rivière que parcourent quelques filets d’eau pressée. Ils y voient une
piste, moi je ne vois pas grand-chose et je n’ai pas des souvenirs très rassurants des gués de
Mongolie ! Et puis il faut aller où : à droite ou à gauche ? Sans doute à gauche, ce qui veut

13

dire remonter un canyon dans le lit de la rivière. Bien sûr il n’y a personne. Désolée mais je
suis un peu trouillarde. On discute. Ils sont d’accord. On remonte. En silence. Je surveille le
moteur de la brave petite gol. C’est bon, elle ne force pas, ne patine pas (nous n’avons ni
pelle ni planche !) Bonne petite gol. Elle nous ramène sur le plateau. Et si on ne peut pas voir
la montagne aux 7 couleurs de Humahuaca, on ira voir le relais là-haut tout là-haut. Il doit y
avoir une vue magnifique et on voit très bien la piste. C’est tellement sec et pelé dans ces
montagnes rondes que rien ne fait obstacle à l’immensité. Même plus de cactus.
……….J’adore !!!!!!!!!!
On monte on monte ! C’est de plus en plus magnifique sauvage paumé désertique….je
surveille la jauge d’essence parce que ça a l’air vachement loin ce relais ! C’est bon. Elle ne
consomme presque pas cette gentille petite gol. Ludo est tout excité, Mana est sous le choc
du vide. Elle aime mieux les arbres ! Ben là, c’est raté! C’est tellement haut ! Il commence à y
avoir des nuages un peu plus noirs tout prés.
Et puis tout d’un coup…..on découvre la merveille. La montagne de toutes les couleurs
d’Humahuaca. Hornocal. « Au lieu de la voir d’en bas, nous on l’a vu d’en haut » dit Mana
ravie. Nous sommes éblouis. Il fait assez froid et il y a du vent. Nous avons tous les trois mal
au crâne un peu la nausée, à la recherche de l’air. La voiture aussi. Elle peine au démarrage
et cale une fois. Je stoppe avant le relais. Après tout le but c’était de voir la montagne de
toutes couleurs ! Je fais demi-tour pour être le nez dans la descente au cas où il faudrait la
démarrer en roue libre. On mange nos brugnons on boit notre eau. Mana et moi nous nous
reposons un peu pendant que Ludo grimpe plus haut. Il est aux anges. Nous aussi mais lui de
plus près ! Nous voyons au loin le ciel déverser d’un nuage noir une cataracte de pluie.
J’aime mieux ne pas y être ! Mais qu’est-ce que c’est beau. Nous rentrons. Au détour de la
route tout là-haut près des nuages, à notre grand ahurissement, nous croisons 2 filles en
short avec leur bouteille d’eau et leur petit sac. Il n’y a aucune voiture, et elles ont l’air
d’aller aussi bien que nous. La descente est magnifique. On doit voir la Bolivie. Sur le plateau
désolé errent des tourbillons éphémères.
Le soir sur l’ordi nous avons vu que nous étions aux alentours de 4 000 m, et nous avons
diné dans un joli restau à la déco Mimi, plein de panier, très joli, belle lumière.
*Et oui c’est un argentin de Rosario avant d’être un révolutionnaire ! Et l’accent argentin, qui
met des cheu partout, lui a fait donner son surnom. Le Ché. N’est-ce pas Mana ? 
Jeudi 20
Grosse grosse journée, qui commence à Humahuaca 3 000 m, et finit à San Antonio de los
Cobres 3 700 m, en passant par La montagne aux 7 couleurs de Purmamarca (qu’on a pas
vu), le col des nuages 4 217 m, les grandes salines, une piste aventure , deux indélicats
voleurs et plein de guanaco……c’est pas beau la vie !
Et oui, nous n’avons pas vu la montagne aux 7 couleurs ! Nous l’avons cherché jusqu’aux
grandes salines …..Et puis nous nous sommes rendu compte qu’il aurait fallu la chercher à
Purmamarca ! Nous sommes certainement passés devant en allant au marché, en faisant nos

14

courses cadeaux nos courses picnic en allant boire un café (ça c’est moi, ils ne boivent pas de
café !). Il était hors de prix d’ailleurs! À peine croyable un café à 6 pesos ! Mais bon !
(Pour la petite histoire, celle que je réécris en tapant mes notes de voyage, je l’ai photographié cette
montagne, sans le savoir. Elle ne nous a sans doute pas frappés parce que nous avions vu la veille celle
d’Humahuaca : Hornocal, qui est tellement belle et ….sauvage.)
Nous n’avons pas raté le col, c’est toujours ça ! Bien que nous n’ayons pas vu grand-chose.
Dans les nuages pardi. A la hauteur de sa réputation.
Au col, un froid ! Un vent ! Terrible ! On se couvre, bien, toutes nos plumes, et nous
sommes allés voir la boutique. Et oui : une boutique ! Oh ce ne sont que 2 étalages de
pierres gravées tenus par 3 femmes qui s’abritent du froid sous une tente …..artisanale. Elles
sont toutes tannées souriantes et semblent un peu blasées de ces touristes qui s’arrêtent là
en poussant des tas de cris de joies ! 4 217 m ce n’est pas tous les jours mesdames.
Mais nous avons été un peu complices tout de même parce qu’elles nous voient faire :
Ludovic a décidé de monter sur le sommet qu’on aperçoit de temps en temps quand les
nuages se déchirent. Mana dit « non non non et non », je fais comme Mana. J’ai peur d’aller
trop au-delà de mes possibilités. Il part une première fois, revient tout excité «  il y a des
guanacos, plein ! » « Venez, c’est super, ça se dégage, je porte tout….. ». Je cède. Mana suit
en ronchonnant. Il est tout content. Nous partons tous les trois tout doucement. Nous
voyons, de loin, les petits lamas, le brouillard se lève. C’est impressionnant surtout parce
que nous nous savons très haut, sinon ça pourrait être…….le col de la Bonette, ou le col des
Champs. Et puis le brouillard se repose. Il fait vraiment bien froid. Mana redescend. On est
tout près, merde je continue. Et puis le vent est de plus en plus fort, il tombe une espèce de
petit grésil piquant et acéré, on disparait dans le nuage …..Alors un peu tristement nous
redescendons. C’est mon premier 4 000 ! Même 4 300 m ou un peu plus, parce que nous
avions bien monté tout de même ! Les dames indiennes nous regardent arriver en riant ! Au
moins nous les aurons distraites un moment parce que ça ne doit pas être marrant
d’attendre le client au milieu du désert voilé et des intempéries.
La descente sur les grandes salines est magnifique. Les vallées sont immenses ouvertes
bleutées et loin à l’horizon nous voyons le blanc violent scintillant du sel ! C’est un immense
plateau, grand comme la mer…. que c’était autrefois et qui s’est retrouvé prisonnière des
volcans puis des Andes. A l’ouest faiblement on aperçoit le Chili mais au nord et au sud, le
désert blanc parfois comme si on regardait le soleil. Et puis un vent, un vent froid terrible,
qui fait des tourbillons de sel et brouille le paysage. Nous nous arrêtons où tout le monde
s’arrête pour voir de près les hexagones si particuliers qui sont sur toutes les cartes postales.
Il faut vraiment faire attention en ouvrant la voiture. Le vent souffle vent arrière. Il pourrait
très bien arracher les portières. Mana et Ludo vont se promener. Moi je reste près de la
voiture et je regarde les ouvriers travailler dans le vent à la construction d’une maison …..en
plaque de sel ….Et qu’est ce qui se passe quand il pleut ? Même si ce n’est pas souvent.
Puis nous repartons. Maintenant il faut se rapprocher de Salta. Demain nous rendons la
voiture. Nous décidons San Antonio de los Cobres et 70 km de piste. Nous ne savons pas où
nous dormirons. Il n’y a rien dans les guides.

15

Nous roulons sur l’immense plateau vers le sud aux alentours de 3 500 m au moins. C’est
magnifique sauvage désertique moi j’adore ! Le ciel bleu légèrement turquoise est plein de
nuages plus ou moins gris, d’averses presque noires et de nuages blancs qui coulent sur les
sommets comme un fantôme. La piste est en tôle ondulée et il y a des troupeaux de fiers
guanacos bien laineux et décoiffés par le vent. On s’arrête souvent. Ludovic les trousse,
Mana les photographie et moi ……je me régale de tout et je brode sur tout ce que je vois. Je
vois de la neige sur les sommets. Ils sont MDR. Tant pis, c’est chouette de se dire qu’il y a de
la neige sous le tropique du cancer, pardon du capricorne.
Nous doublons un 4x4 qui en remorque un autre. C’est inquiétant.
Puis nous croisons une petite fiat de touriste. Ça c’est encourageant. Là où elle est passée,
nous passerons, parce qu’il y a des flaques, et parfois de sacrées flaques. Ludovic conduit. Il a
le choix : soit à fond dedans, soit tout doucement au risque de s’y noyer, soit du tout terrain
à côté de la route. Il a tout essayé. Tout a bien marché.
On se fait arrêter par un type et sa femme prés de leur voiture. Dans ce truc complètement
désert, et puis on joue à se faire peur aussi, on a tous pensé à l’attaque de la diligence ! Il
nous raconte …… une panne…. sur sa voiture épave ???? la bouche pleine de coca. Ils sont
bien organisés et nous piquent 30 pesos d’essence. C’est pour nous 1/3 de notre réservoir et
pour eux une bonne journée ! On s’est fait volé, on l’a bien compris et accepté.
Très insolite de temps en temps un panneau pour un village, même un musée, et on a beau
regarder à droite, à gauche, rien….tout au plus une cabane.
Un moment nous suivons un gazoduc.
C’est épuisant tout de même 70 km de tôle ondulée, ça secoue, c’est bruyant, et
désespérant, et enfin on arrive à san Antonio de los Cobres.
Village complètement inattendu, différent de ceux déjà traversés, en travaux et en ruine.
On dirait une ville de garnison avec des indications pour les militaires et des petits
lotissements tout neuf, mais pourquoi l’armée ? La frontière avec le Chili pas loin? Ou bien
un village dortoir pour les ouvriers du gazoduc ? Et une rare population pas très avenante.
On tourne dans le village. Il n’y a pas d’arbres même pas de cactus. Mes petits n’ont pas
envie de rester mais nous sommes à 80 km de piste de Salta et il est 17h30. Allez un petit
essai. Nous retournons vers un grand bâtiment rose et neuf. Il est écrit que c’est l’office du
tourisme ! Ils vont se renseigner et reviennent inquiets. Ils ont trouvé un bâtiment
complètement neuf et vide dans lequel il y a semble-t-il des emplacements pour des bureaux
ou des ….magasins….mais il n’y a rien. Ils ont rencontré une femme et sa petite fille au milieu
de ce rien, à qui ils ont demandé s’il y avait un petit hôtel. C’est particulièrement dans ces
circonstances étranges que j’apprécie un bon interprète comme Mana et je pense à Cisimut dans la
forêt de Java. Elle a répondu sans conviction que oui et qu’il fallait la suivre. Les pauvres. Ils
ont vraiment l’impression du coupe gorge ! Je n’ose pas trop en rire parce qu’ils sont sérieux.
Même si ce n’est pas sympa ce drôle de village ce n’est pas si simple d’enlever ou de tuer
des touristes, et l’Argentine à ma connaissance n’a pas de rebelles d’extrémistes ou de
guerre en cours ……à moins que Sarko ait encore dit une connerie !

16

La dame nous mène à côté dans une arrière-cour. Moi je surveille la voiture (parce que les
voleurs, ça, oui, je crains !) et ils disparaissent dans ce qui semble être l’hôtel pendant que je
me débrouille comme je peux pour faire la causette avec la petite fille, Antoniela. Elle a 7
ans, n’a jamais vu de Français, est encore à l’école parce que leurs grandes vacances ici sont
décalées vers l’hiver où il fait si froid que personne ne bouge et les enfants ne sortent pas.
Drôles de vacances ! Mana et Ludo reviennent souriants rassurés et suivis d’une charmante
« hôtelière ». C’est tout neuf pas complètement fini tout propre. Ils ont une grande chambre
qui donne sur l’arrière-cour où est la voiture, et ma chambre sans fenêtre sur l’extérieur est
correcte. Nous sommes tout seul, et je m’aperçois en me trompant de chambre que nos clés
sont des passe-partout ! Bon, gardons bien nos affaires précieuses près de nous.
Nous sortons faire un tour. Il n’y a pas grand monde et des hauts parleurs délirent à plein
tube des musiques qui plaisent à Mana. Alors pour se renseigner elle entre dans une espèce
de grand hangar ou 4 types jouent aux cartes. Un autre, l’œil vitreux déambule en titubant,
et un jeune homme normal est à la sono. Ouf ! Il donne les références à Mana contente.
Dans la rue on nous dévisage, pas bien gentiment. Les gamins nous demandent des sous, et
en montant sur la colline au-dessus du village sur le chemin de croix, ils nous jettent des
cailloux ! Bref, on rentre dare dare à l’hôtel où on se planque et on joue aux cartes. C’est la
première fois depuis Franckfort ! Jamais eu le temps ! La musique bat son plein dehors, et
Christina, l’hôtelière qui a une tresse magnifique d’un kilo au moins est charmante souriante
et complètement rassurante, nous dit que c’est une campagne électorale ! L’insolite c’est
qu’il n’y a pas un chat pas de discours pas de slogans …. Elle nous prépare un petit diner où
la salade de fruit de Ludovic qu’elle n’a plus, se transforme en une seule tranche d’anana en
boite. Elle a du Torentès blanc mais pas frais, et une bouteille c’est trop. Elle allume la télé.
Sur le clip qu’elle connait Mana lui montre des pas de danse, Christina s’essaye, et elles
échangent des titres d’albums. C’est extra de les voir. Christina bavarde. Son mari travaille à
la mine loin et ne rentre que de temps en temps. Ses enfants, un garçon une fille ne sont pas
avec elle parce qu’elle travaille tard. La vie n’est pas facile ici. Son patron est en vacances
avec les plus jeunes de ses enfants et le fils ainé est resté là, avec Christina. On le voit. C’est
un grand ado qui va et vient. Elle ne sait pas à quelle altitude nous sommes mais elle dit que
c’est très très haut (j’ai vu depuis …..3 700 m)
Elle est si charmante Christina qu’elle est venue à bout de toutes les inquiétudes de Mana
et Ludo qui vont se coucher rassurés. Une bien belle soirée !